
Présentation du Projet &
Sélection des Patrimoines
Délimitation du territoire considéré: Qu'est-ce que le Pays Narbonnais ? Où se situe-t-il ?

Carte de France, département de l'Aude en rouge (11)

Carte du département de l'Aude (11)
Les notions de territoire et de destination sont centrales. Notions complexes de par les différentes dimensions qu’elles revêtent et les différents champs d’étude qu’elles impliquent. Le territoire fait appel à la confluence, à l’interdisciplinarité et fait souvent fi des configurations administratives que l’on veut bien lui attribuer. En effet, le Pays Narbonnais n’a pas d’existence légale et administrative. Pourtant, il existe bel et bien. Son territoire est d’abord historique, porteur d’un paysage et d’une nature caractéristiques qui lui sont propres, lié à une identité socio-culturelle, et marqueur d’un attachement et d’un sentiment d’appartenance. Ainsi, adopter une approche territoriale permet de mieux coller au contexte actuel de mondialisation et de recomposition territoriale que connaît la France (nouvelle carte des régions, transfert de compétences aux collectivités territoriales) pour créer un nouvel espace, plus local, plus cohérent, car porteur d’une identité forte, différenciante, vecteur d’attractivité dans un monde en proie à l’homogénéisation et à la perte de repères identitaires et culturels.

Carte du Pays Narbonnais, partie littorale du département de l'Aude (11)

Carte des Provinces de l'Empire Romain au IIIe siècle apr. J.C.

Carte de la Province gallo-romaine Galliae Narbonensis
De plus, travailler dans une dynamique de projet, sur un territoire redessiné et cohérent, permet non seulement le développement d’un tourisme culturel à l’échelle de la destination, mais plus généralement favorise le développement de toute l’économie sur le territoire et l’irrigue.
Le territoire que l’on désigne aujourd’hui sous l’appellation de « Pays Narbonnais » avait, à l'époque de la Gaule Romaine, de toutes autres délimitations. Pline l’Ancien écrivait même en 70 apr. J.C. : « Italia verius quam provincia », ce qui signifiait que la Narbonnaise était comme une Italie au-delà des Alpes. La Province antique de la Gaule Narbonnaise, nommée Provincia Galliae Narbonensis, ayant pour capitale « la première fille de Rome », Narbo Martius (Narbonne), avait une aire d'influence bien plus étendue qu'aujourd'hui, qui allait de la Provence et du Dauphiné à l'est, à la Gascogne et au Pyrénées à l'ouest et de la Méditerranée au sud, à Lodève et Toulouse au nord. Ainsi, je prends pour appui le territoire du Pays Narbonnais actuel, tout en le mettant en relation avec sa définition antique puisqu’il s’agit de la période historique du projet.
Sélection des patrimoines à valoriser: patrimoine archéologique et vitivinicole
Pour mener à bien ce projet, j’ai choisi trois objets d’étude qui, selon moi, « font patrimoine », forment un tout cohérent et sont valorisables dans une dimension touristique :
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La Via Domitia
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Le Vignoble
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Le Vin
Puisque tout objet est susceptible de devenir patrimoine, je me dois de démontrer que ces trois objets d’étude ont un intérêt et une valeur suffisante pour être élevés au rang de patrimoine.

Carte des principales voies gallo-romaine de la Province Galliae Narbonensis
Souvent, un objet quotidien ou banal devient patrimoine lorsqu’il a perdu sa valeur d’usage et qu’il nous renvoie à un monde ancien, sur le déclin ou disparu. C’est le cas la Voie Domitienne —ou Via Domitia— et des différents vestiges gallo-romains inhérents à cette route antique. Elle était un axe routier de communication traversant le sud de la France sur 250 km de Briançon dans les Alpes au Perthus dans les Pyrénées, qui a été construite par les Romains et utilisée par la République romaine (509 – 27 av. J.C.) pour conquérir des territoires, et durant l’Empire romain (27 av. J.C. – 476 apr. J.C.) pour les administrer et entretenir des échanges commerciaux.
Cette voie fait partie d’un réseau de routes antiques plus large, elle n’est en fait que le tronçon français d’une route reliant l’Italie à l’Espagne en passant par la France actuelle. De Rome à Briançon, la route s’appelait la Via Segusium, de Briançon au Perthus, elle se nommait la Via Domitia, et du Perthus à Gibraltar, il s’agissait de la Via Augusta. Les Gaules, surtout autour du bassin méditerranéen, était donc une région charnière entre l’Italie et la Péninsule Ibérique déjà conquise par les Romains. La logique primitive du processus de conquête des Gaules réside dans la sécurisation et la maitrise des axes économiques et commerciaux entre ces deux zones. Mais une logique plus impérialiste prend ensuite le dessus à partir de 125 av. J.C. lorsque plusieurs généraux de légions interviennent militairement en Gaule pour soumettre les tribus gauloises récalcitrantes à la pénétration de plus en plus persistante de la civilisation romaine. C’est entre 121 et 118 av. J.C. que Cnaeus Domitius Ahenobarbus soumet les Allobroges, fonde la ville de Narbo Martius (Narbonne) au croisement de plusieurs grandes voies terrestres, fluviales et maritimes, et supervise la construction de la Via Domitia des Pyrénées au Rhône, qui porte d’ailleurs son nom. La conquête romaine s’accélère encore avec la Guerre des Gaules menée par le proconsul romain Jules César contre plusieurs tribus gauloises. Elle se déroule de 58 à 51 av. J.C. et aboutit à la décisive bataille d'Alésia en 52 av. J.C. qui entérine l’annexion des Gaules à la République romaine (509 – 27 av. J.-C.), dont Jules César marqua lui-même la fin en s’autoproclamant dictateur à vie. Le fils adoptif posthume de Jules César, Octave, lui succède après son assassinat, et devient le premier empereur romain. Il règne sous le nom d’Auguste de 27 av. J.C. à 14 apr. J.-C.
La Via Domitia, encore visible et tangible par endroits de nos jours, sert de lien physique nous reliant à une civilisation antique dont, si pour certains nous ne sommes pas les descendants, sommes pour le moins les héritiers. Cette voie et ses relais routiers, bornes, ponts, gués, villas ou aqueducs servent de supports et de témoins propices à la représentation d’une civilisation et de tout un pan de l’Histoire qu’ils se suffisent à matérialiser. Les bornes temporelles concernant la voie sont donc relatives à sa période d’utilisation effective par les Romains sous la dénomination de Via Domitia. Car, si ce sont bien les Romains sous la conduite de Cnaeus Domitius Ahaenobarbus à partir de 118 av. J.C. qui ont construit « en dur » cette route, son tracé existait déjà, plus ou moins précis et connu, jadis appelé Voie Héracléenne —ou Via Heraclea (d’Héraclès pour les Grecs) ou Via Herculea (d’Hercule pour les Romains). Ce trajet est supposé être celui qu’emprunta le demi-dieu Héraclès/Hercule, fils de Zeus et d’Alcmène, pour ramener le troupeau de bœufs pris au géant à trois têtes Géryon qui constituait le dixième des douze travaux d'Héraclès/Hercule. Ce même trajet aurait ensuite été emprunté par le carthaginois Hannibal Barca, ses troupes et ses 40 éléphants lors de la seconde guerre punique (218 av. JC. – 202 av. J.C.) qui opposait Rome à Carthage. Plus tard, après l’Antiquité, cette route est rebaptisée Chemin d’Espagne —ou Cami Francès— par les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Puis, elle est connue sous le nom de Route Royale. Enfin, de nos jours, l’autoroute française A9 à partir d’Orange jusqu’au Perthus, puis l’AP7 espagnole suivent assez fidèlement le tracé traditionnel. Les ingénieurs d’aujourd’hui se sont servis d’un algorithme pour choisir le meilleur tracé possible pour l’autoroute A9 et il se trouve qu’il se superpose sur de nombreux kilomètres à la Via Domitia. Ainsi donc, les ingénieurs romains, qui n’avaient accès à aucun de nos outils modernes, ont pourtant fait preuve d’une très grande précision et ingéniosité.

Carte des AOP du Languedoc-Roussillon avec les quatre AOP du Pays Narbonnais encadrées.

Carte des 11 terroirs de l'AOP Corbières (le terroir de Sigean appartient au Pays Narbonnais).

Carte de l'AOP Corbières et Fitou dans le Pays Narbonnais.
Les deux autres objets d’étude de mon projet sont directement liés entre eux, puisqu’il s’agit du vignoble et du vin, et sont également liés historiquement à l’époque gallo-romaine du Pays Narbonnais, car c'est grâce aux Romains que la culture de la vigne et l'exportation de vin ont prospéré dans toute la Gaule durant l'Antiquité. Aujourd'hui encore, la vitiviniculture tient une place fondamentale tant dans l'économie du département de l'Aude que dans l’identité de ce territoire et des habitants qui y vivent. C’est pourquoi, afin de circonscrire mon sujet et, par la même occasion, de l'ancrer dans le présent et dans une tendance du tourisme actuel, j’ai décidé de synchroniser mon sujet porteur, en l’occurrence la Via Domitia et ses vestiges, avec l’histoire de la viticulture et du commerce du vin de l’Antiquité romaine à nos jours. Pour ce faire, je m’attache à la mise en valeur des deux différents terroirs du Languedoc que traverse actuellement la Via Domitia : le terroir de Sigean certifié en AOC-AOP Corbières et le terroir de Fitou certifié en AOC-AOP Fitou & Corbières. De plus, les ports antiques romains de Narbonne étaient situés dans ce qui constitue actuellement la lagune des étangs de la Narbonnaise sur les coteaux de laquelle des vignes poussent aujourd'hui. Il s’agit du terroir du Quatourze certifié en AOC-AOP Languedoc mention géographique Quatourze et du terroir de La Clape certifié en AOC-AOP Languedoc mention géographique La Clape, qui sont des vignobles situés respectivement au bord de l’Etang de Bages-Sigean et dans le Massif de la Clape. Le vignoble et le vin, ici dissociés mais tous deux utilisés comme substrat patrimonial dans le projet « font patrimoine » car ils sont liés de très près, d’une part à l’identité paysagère et organisationnelle du territoire du Pays Narbonnais pour le vignoble, et d’autre part à l’identité culturelle des habitants et économique du territoire pour le vin. Le patrimoine paysager du Pays Narbonnais actuel a un caractère très culturel puisque le milieu naturel a été façonné par les hommes, en l’occurrence ici par le biais de la plantation de
vignoble, et ceci depuis que les Romains ont commencé à planter des vignes et à produire du vin en quantité sur ce territoire. Enfin, le vin est un patrimoine qui relève de l’art de vivre à la française et constitue une caractéristique importante des mœurs et de l’identité des habitants du territoire.
Voici la carte intégrant l'ensemble des points d'intérêt considérés dans le Pays Narbonnais :
Carte interactive : cliquez sur les lieux pour avoir plus d'infos !


